Animula vagula blandula

La dernière fois que j’ai vu mon frère Piero vivant, c’était il y a un an, ces jours-ci.
Pour ses 70 ans j’avais organisé une mini fête avec notre sœur. Trois esprits se rencontrant de trois endroits différents, comme toujours.
Lorsque des amis et des parents sont partis et que nous nous sommes retrouvés seuls, dans sa petite maison sur les collines des Langhe, qu’il a aménagée avec un soin magistral, nous avons préparé un dîner tranquille et avant d’aller nous coucher nous nous sommes assis dehors la nuit, sur le banc qu’il avait placé à côté de la porte.
Nuit paisible, de bavardages chuchotés, pour ne pas troubler le silence et profiter des bruits de la nuit. En plus des chats qui vivent en abondance dans le micro village composé de trois maisons, nous sommes ravis par quelques lucioles venues danser sous nos yeux.
Puis nous nous sommes souvenus qu’enfants, je 5 à 10 ans, soit en 1960, nous vivions dans une ferme située à environ 10km plus loin. C’était un modeste appartement au rez-de-chaussée, avec une salle de bain dans la cour, que notre mère avait loué pour être proche de son lieu de travail. La ferme était maintenant proche de la zone habitée et de la vie précédente, elle ne gardait qu’une cave, où pendant les vendanges ils pressaient les raisins, tandis que l’étage supérieur était occupé par les «vacanciers» en été.
Mon frère a toujours été en relation étroite avec le monde naturel : animaux, plantes, herbes, pierres, eau et, sans surprise, il deviendra plus tard chimiste, biologiste, pharmacien, botaniste.
Ainsi, ces soirs d’été, il attrapait trois ou quatre lucioles, les enfermait dans un verre, avec un verre plus grand à l’envers et les cachait sous le lit.
Notre sœur, qui avait 16 ans, dormait sur le canapé du couloir, lui dans le lit avec sa mère et moi à ses côtés, par terre, sur un magnifique lit obtenu avec une méga couette pliée en quatre. Quand ma mère, épuisée de travailler avec une famille de pharmaciens qui s’occupait de la maison et du magasin, s’est effondrée dans les bras de Morphée, il a sorti les deux verres de sous le lit et les a posés sur la petite table de chevet entre moi et lui. Nous sommes restés muets pour voir les vies danser dans le verre, puis quand nos yeux étaient sur le point de se fermer, il les a relâchés et les créatures ont flotté en clignotant magiquement dans la pièce.
Hier soir, j’ai remonté le sentier semi-abandonné qui monte de Finale Ligure Borgo à Monticello.
C’est un chemin que je peux faire les yeux fermés car je l’ai parcouru au moins mille fois, dont la moitié la nuit. En effet, lorsque j’étais sauveteur à Varigotti, 1980-1986, pendant les trois premières années j’ai dormi dans une tente canadienne placée dans une bande, entre le mimosa et l’olivier. Puis pour trois autres dans une pièce que nous m’avions aménagée au-dessus du pressoir et de la chaufferie à bois.
La maison, avec son oliveraie, son petit vignoble, son verger et ses jardins potagers, avait été prise en métayage par un couple de jeunes, avec deux enfants, qui entre l’une et l’autre y sont restés une vingtaine d’années, à qui j’avais présenté mon frère. La pièce avait un plancher avec des planches de bois, d’où l’on pouvait voir en dessous et une magnifique fenêtre qui encadrait les Apennins lointains, qui à mon retour en hiver scintillaient de neige. La tente était un vert canadien à trois places, avec un toit à double pente, une moustiquaire à l’entrée et à elle seule elle ressemblait à un palais. C’était super pour deux.
Début juin quand je l’ai monté et bien planté les piquets, j’ai creusé des petits drains le long du périmètre et je me souviens avoir profité des orages nerveux dans la joie la plus profonde d’être au sec alors que le flot tombe à 20 cm de ton nez !
En cette saison, le long du chemin, dans le ruisseau d’eau qui alimente la source au pied de la maison, dans les terrasses plantées d’oliviers et de vignes, les lucioles n’ont jamais manqué, ainsi que les crapauds, grenouilles, rainettes et le semblable. Mais je n’avais jamais vu autant de lucioles comme hier soir.
Ma tête tournait.
Animula vagula blandula.
Virginie Briatore

Animula vagula blandula

L’ultima volta che ho visto mio fratello Piero vivo è stato un anno fa, di questi giorni.
Per il suo settantesimo compleanno avevo organizzato un mini festeggiamento, con nostra sorella. Tre spiriti che si incontravano provenienti da tre luoghi diversi, come sempre.
Quando amici e parenti se ne andarono e noi restammo soli, nella sua piccola casetta sui colli delle Langhe, da lui sistemata con cura magistrale, ci preparammo una cenetta tranquilla e prima di andare a dormire ci sedemmo fuori nella notte, sulla panchetta che lui aveva posto accanto all’uscio.
Notte serena, di chiacchiere sottovoce, per non turbare il silenzio e godere dei suoni della notte. Oltre ai gatti che abitano copiosi il micro borgo formato da tre case, ci rallegrano alcune lucciole che vennero a danzare davanti ai nostri occhi.
Allora ci ricordammo che da bambini, io 5 lui 10 anni, ovvero nel 1960, abitavamo in una cascina situata circa 10km più il là. Era un modesto appartamento a piano terra, con bagno in cortile, che nostra madre aveva affittato per essere vicina a dove lavorava. La cascina ormai era prossima all’abitato e della precedente vita conservava solo una cantina, dove durante la vendemmia pigiavano l’uva, mentre il piano di sopra veniva nella bella stagione occupato dai ‘villeggianti’.
Mio fratello da sempre era in stretta relazione col mondo naturale: animali, piante, erbe, pietre, acqua e non a caso poi sarebbe diventato chimico, biologo, farmacista, botanico.
Così in quelle sere estive catturava tre o quattro lucciole, le racchiudeva in un bicchiere, con sopra capovolto un bicchiere più grande e le nascondeva sotto al letto.
Nostra sorella, che aveva 16 anni, dormiva sul divano nell’ingresso, lui nel lettone con la mamma e io al suo fianco, per terra, su un mirabile giaciglio ottenuto con mega trapunta piegata in quattro. Quando la mamma, esausta dal lavoro presso una famiglia di farmacisti di cui accudiva abitazione e negozio, crollava tra le braccia di Morfeo, lui tirava fuori i due bicchieri da sotto al letto e li metteva sul piccolo comodino tra me e lui. Restavamo muti a vedere le vite danzare nel vetro e poi quando anche i nostri occhi stavano per chiudersi lui le liberava e le creature fluttuavano magiche lampeggiando nella stanza.
Ieri notte sono salito per il sentiero, semi abbandonato, che da Finale Ligure Borgo sale a Monticello.
È un sentiero che posso fare a occhi chiusi perché l’ho percorso almeno mille volte, di cui la metà di notte. Infatti quando facevo il bagnino a Varigotti, 1980-1986, per i primi tre anni ho dormito in una tenda canadese posta in una fascia, tra la mimosa e l’olivo. Poi per altri tre in una stanza che avevamo sistemato per me sopra il locale del torchio e della caldaia a legna.
La casa, con oliveto, piccola vigna, frutteto e orti, era stata presa a mezzadria da una coppia di giovani, con due bambini, che tra una cosa e l’altra sono rimasti lì circa vent’anni, ai quali mi aveva introdotto mio fratello. La stanza aveva pavimento con assi di legno, da cui si poteva vedere di sotto e una meravigliosa finestrella che inquadrava l’Appennino lontano, che quando ci tornavo d’inverno brillava di neve. La tenda era una verde canadese a tre posti, con doppio tetto a falda, zanzariera all’ingresso e da solo mi pareva una reggia. In due si stava da dio.
A inizio giugno quando la montavo e piantavo per bene i picchetti, scavavo piccoli canali di scolo lungo il perimetro e ricordo di essermi gustato temporali nervosi nella gioia più profonda di essere all’asciutto mentre a 20 cm dal tuo naso scende il diluvio!
In questa stagione lungo il sentiero, nel rivolo d’acqua che alimenta la sorgente posta ai piedi della casa, nei terrazzamenti coltivati a olivo e vite, le lucciole non sono mai mancate, così come rospi, rane, raganelle e similari. Ma tante lucciole come ieri sera non le avevo mai viste.
Mi girava la testa.
Animula vagula blandula.
Virginio Briatore